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Les cactus, ça pique. Ça pique et ça tue, comme le cœur des filles.

"Cactus", c’est typiquement le genre de truc que je compose au piano en vingt minutes, un verre à la main et l’esprit embrumé, simple suite d’accords basiques, mélodie répétitive, entre comptine sinistre et rengaine mélancolique, appuyée par un très léger contre-chant, ce qui me laisse, pour les arrangements, une page blanche. On devait être en 2020 ou 2021, soirée solitaire, chanson facile, elle coule de mes doigts, je me disais que l’enregistrer allait être un jeu d’enfant. Bah non. Quand c'est simple, c'est compliqué. Je veux dire, c'est plus compliqué de faire simple que de faire compliqué.

"Cactus", c’est l’histoire d’un homme de 27 ans (âge maudit, décidément), David Grundman, qui en 1982 dans le désert d’Arizona se défoulait en tirant à coups de fusil sur un cactus Saguaro, dont la hauteur moyenne – douze mètres – en fait un sacré challenger : il aura suffi de deux balles pour que la partie supérieure du cactus se détache et s’écrase sur notre tireur d’élite. Pas de chance, dude.

La mort, c’est mon truc, même si je la côtoie peu. Elle est partout, j’ai peur d’elle, mais elle sait me faire rire. Il y a quelques années, je m’étais mis en tête d’écrire une série de chansons évoquant des morts absurdes ou facilement évitables : ainsi, on retrouve "The Chappaquiddick incident" sur l’album "Rêvons plus sombre" (2017), "Noyade caractéristique" sur "Tigre, avec états d'​â​me" (2019) et "Sweet Kiss", interprétée par Claire Redor sur le EP éponyme (2020).

Les décès débiles m’amusent et me rassurent, ils nous rappellent à quel point nous sommes fragiles et devons faire en toutes choses preuve d’humilité, ce dont je suis souvent incapable, il faut dire que je brûle, ça me joue des tours.

Et donc, concernant notre ami David Grundman, j’ai tenté de mettre en scène le contexte mental de son acte, contexte dont j’ignore tout, imaginant un dépit sentimental (le meilleur ressort narratif du monde, car universel) et la cuite qui s’ensuivit (la meilleure raison de merder), la super bonne idée du petit matin après une nuit à picoler (le moment où les meilleures mauvaises idées naissent), le chargement des bières dans le coffre, le trajet en voiture jusqu’à la lisière du désert, puis la rageuse séance de coups de feu sur un cactus qui n’en demandait pas tant. Bien entendu, j’ai choisi la voie romantique (au sens allemand du début du 19ème siècle, c’est à dire nihiliste) quand bien même David s’était tout simplement peut-être énervé à cause de sa console Atari 2600 qui déconnait, et au fond je sais que moi aussi je suis capable de m’engager sur des chemins mortifères et me nuire pour rien, pas besoin de motif.

Un soir, dans un bar brestois bondé, j’ai vigoureusement demandé aux clients agglutinés au comptoir de faire place nette, et ce en des termes peu amènes : « Dégagez, bande de ***, j’ai soif ! ». Une seconde plus tard, entre le carrelage et une paire de chaussures de la marque Caterpillar, se trouvait ma tête, ma jolie tête confuse.

J’avais 27 ans.

lyrics

Toutes ces images, que j’ai dans la tête
Il est temps, que je les dégage
Je te vois nue, entre des bras
Qui ne sont pas moi

Avec Tom, on a bu des nuits entières
On a juré et craché contre l’écosystème des cœurs
Je voudrais oublier à quel point
Tu me manques

Au petit matin, on a pris la route du désert
Je voulais flinguer des cactus et surtout ma colère
Et dans le coffre, on avait encore
Pas mal de bières

Cactus
Peu importe ton nom
Cactus
Je fais feu, à balles réelles
Cactus
Ce n’est pas toi, mais elle
Qui devrait prendre
La balle

credits

from Ubac, released January 19, 2024

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Depuis 1997, Centredumonde compose des chansons que personne n'écoute, et il ne s'arrêtera que le jour de sa mort!

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