La première démo de « En fête, en faiblesse » date de l’automne 2019 et c’est l’histoire d’un fiasco : assez rapidement, David m’avait envoyé ses pistes de chant, qu’il avait enregistrées de nuit sur son téléphone portable, et tout était parfait. J’ai intégré la voix dans le mix et la chanson sonnait super bien mais un soir j’ai fait du ménage sur le disque dur de mon ordinateur et j’ai effacé par mégarde la session, zut. Une fois, j’ai même effacé l’intégralité de mes délicieuses productions, je vous raconte pas le coup de stress. J’effectue sur un disque externe une sauvegarde mensuelle et heureusement l’accident est arrivé en fin de mois, mais j’avais quand même perdu des heures et des heures de travail.

La grande bizarrerie, c’est l’influence reggae dub de l’instrumental. What the fuck ? J’étais qui quand j’ai enregistré ce truc ? Aucune trace dans mon journal de l’époque, juste la mention d’avoir envoyé le morceau à David. Je suppose que j’étais d’excellente humeur, comme souvent : « Ma vie sociale et sentimentale est un bon gros désert mais ouais je m'en fous, je dois réussir à m'en foutre. Les sentiments, c'est la servitude. » Il est rigolo, mon journal, mais impubliable, car débordant de haine à l’encontre de tout.

Cela étant, même si les reggae-men blancs de la Bretagne des 90s furent une de mes nombreuses hantises, je n’ai rien contre le genre en lui-même, dont j’apprécie certaines caractéristiques, l’utilisation de la réverbération comme un instrument à part entière, les rythmiques syncopées et les motifs de guitare répétitifs, sans compter la mélancolie intrinsèque héritée de l’histoire tourmentée du peuple qui en a structuré le registre. Bref, il y a bien pire que le reggae (la musique celtique, l’EDM, le raï ou le gangsta rap français), et si j’en ai infusé « En fête, en faiblesse », c’est avec une dérision très légère, voire absente, je ne m’en souviens plus.

Les moments de faiblesse en soirée alcoolisée, c’est courant et pas cool du tout. Genre s’endormir à 20 heures ivre mort alors que la fête commence à peine, puis se réveiller à cinq heures quand tout le monde est bourré, j’ai donné, j’ai pas trop aimé. Il faut savoir que j’adore tout faire vite et en grande quantité. Je bois vite et beaucoup, je mange vite et beaucoup, je lis vite et beaucoup, etc., comme je le dis en souriant, je suis un homme de grands volumes. Tout ce que je fais, c’est en XXL, mais version merdique, en témoignent les centaines de chansons enregistrées à la va-vite qui croupissent dans mes tiroirs. Alors les faiblesses en fête, je connais carrément. Ceux qui me connaissent savent : en soirée, je suis un boulet.

Et donc je trouve que raconter ces déchéances nocturnes passagères sur fond de reggae dub, ça le fait grave, d’autant plus quand c’est David qui s’y colle : lui aussi, il en a des trucs marrants à raconter, je suppose.