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Franz

Sur Wikipédia, vous trouverez le (court) film consacré au saut effectué du premier étage de la tour Eiffel par le tailleur Franz Reichelt, un petit matin de février 1912. Il s’agissait pour lui de promouvoir, devant un parterre de journalistes intrigués, un costume-parachute de son invention : [spoiler alert] SPLOUTCH [fin du spoiler].

L’histoire est tragique, absurde, prête à sourire, mais d’un sourire de cœur fendu : il n’en fallait pas moins pour intégrer mon panthéon des décès débiles et rejoindre nos amis (roulements de tambour) le tueur de cactus David Grundman, le jockey cardiaque Frank Hayes, le pianiste noyé Enrique Granados et la trop loyale secrétaire Mary Jo Kopechne.

Qui sait ? Avec un peu de chance, ma mort sera marrante et quelque part quelqu’un écrira une chanson marrante sur moi et ma mort marrante. Cette perspective m’incite néanmoins à la prudence : évitons de mourir asphyxié en se paluchant (David Carradine’s style) ou en batifolant avec des animaux empaillés (je veux pas savoir qui).

Il y a des ridicules plus attendrissants que d’autres, on va dire.

Pour le coup, dans "Franz", j’avais envie de raconter non seulement l’accident (car c’était bien un accident, même si la veille du saut fatal notre tailleur rédigea un testament dans lequel il s’excusait de la douleur causée à ses parents) mais aussi l’effervescence artistique d’avant-guerre, l’opéra, l’apéro, tout ça tout ça.

Me voilà lancé dans une narration en tiroirs, partant du métier de tailleur pour évoquer l’apparat et les bassesses que l’apparat voile, ou glisser des constats qui me sont propres, notamment sur la littérature - « J’ai lu tous les livres, ils ne mènent nulle part », ce n’est bien entendu pas la faute des livres, mais plutôt des gens qui ne les lisent pas, ou qui tout court ne lisent pas, et avec qui vous ne pouvez plus communiquer, tant ils sont incultes, et vous emprisonné dans votre trop plein de culture inutile. Le drame de ma vie. J’arrive à un âge où TOUT LE MONDE me paraît stupide.

Je me souviens avoir composé la chanson en quelques dizaines de minutes, début 2020 je crois, d’ailleurs, ce n’est pas vraiment une chanson, il n’y a ni couplets ni refrains, juste une litanie de mots peu chantés, structure de paresseux, c’est clair, un truc facile à écrire et agencer, THE question étant de savoir si on aère entre chaque couplet ou si on enchaîne les couplets, et si on ajoute une introduction et / ou une fin instrumentale. Bref, de l’hybride flemmarde dans toute sa splendeur, le texte étant court (quatre couplets), on se fait plèze, on prend la formule XXL, ce sera introduction (minimaliste / planante) ET final instrumental (post-rock meets The Stooges, j’adore le piano qui claque sur les temps), avec pour cerise sur le gâteau la présence de Claire Redor, qui m’accompagne sur deux couplets, m’aidant à casser un peu la monotonie de la mélodie, ou la monotonie de l’absence de mélodie, je devrais dire.

A la base, ce genre de petite chanson, et "Cactus" en fait partie, c’est destiné à me dégourdir les doigts / les neurones, et boucher des trous et meubler quand je ne suis pas inspiré, sauf que là, sur "Ubac", je commence avec deux chansons bouche-trou d’affilée : c’est comme si, me rassurant avec des compositions sans enjeu et m’ayant demandé peu d’efforts, donc peu d’investissement émotionnel, je reculais le moment de sauter dans le vide, à l’instar de Franz – on le voit sur la vidéo – hésitant une quarantaine de secondes avant de… faire un truc stupide. Ce type m’aura contaminé.

lyrics

J’écris des vêtements, je recouds des souvenirs que l’on perd et porte avec plaisir
J’écris des moments hors-du-présent, je crée le paraître que l’on avait hier

Bâtis des allures, façonne des ailleurs, conçois des mystères en la noirceur des cœurs
J’habille les puissants d’oripeaux éphémères, qu’un rien ne salit, en l’absence d’honneur

J’ai lu tous les livres, ils ne mènent nulle-part, j’ai vu l’art changer, les visages se brouiller
Et à l’Opéra on dansait bizarre, c’était l’avant-guerre, on profitait

Du premier étage de la Tour Eiffel, il y a Paris, enfin à mes pieds
Dans quarante secondes, je cesserai de vivre, à cause d’un rêve un peu stupide

credits

from Ubac, released January 19, 2024

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Depuis 1997, Centredumonde compose des chansons que personne n'écoute, et il ne s'arrêtera que le jour de sa mort!

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