Il pleut des bleus

from Ubac by Centredumonde & Claire Redor

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Il pleut des bleus

Petite rengaine simili poétique dans la tradition de "Dans la cage de tes beaux yeux chronophages" ou "Le bon vieux temps ne reviendra jamais", facile à écrire, puisque tout est dans la répétition, compliquée à arranger, car la répétition certes hypnotise mais ennuiera l’auditeur qui aura eu la gentillesse de vous offrir son temps précieux.

La dernière répétition de Centredumonde remonte à l’automne 2020, peut-être 2021. Je me souviens avoir joué dans la cave de Marc une ébauche acoustique de "Il pleut des bleus". Mon batteur d’ami paraissait perplexe : comment rendre intéressant ce truc ? On s’était déjà un peu cassé la tête et les dents sur "La perspective Mouchez", qu’on a parfois jouée en concerts, mais qui nous a toujours paru bancale. Question restée sans réponse. Depuis, la flemme atomique m’a envahi, fini les répétitions et les concerts, même si parfois ça me titille, mais alors pas plus d’une seconde par an.

Il y a que je ne me sens pas à ma place dans une époque vraiment laide, et je n’ai pas envie de faire semblant d’être cool. J’évoque en quelques lignes ce sentiment d’inappartenance au monde, en tous cas au monde tel qu’il se présente à moi. Donnez moi une villa avec piscine et bar à cocktails, je vous tiendrais certainement un tout autre discours.

Et puis il y a la fameuse réalité, que je questionne : existe-t-elle, en dehors de moi ?

Question malicieuse, ou puérile, qu’il conviendra de ne pas prendre au premier degré. Pourtant, les gens sont persuadés que le monde doit être à leur image. Ils sont incapables de concevoir un réel qui leur échappe, ou un réel privé de leurs présences – bon filon pour les religions, qui clés en main offrent des ailleurs éternels, en attendant que les demeurés transhumanistes ne leur fassent de la concurrence. Cette arrogante candeur – le moi au milieu du monde – prêterait à sourire, si elle n’accouchait pas jour après jour de désastres à échelle variable : aucune bienveillance, aucune empathie, aucune pitié, on se piétine dans une joie sauvage qui nourrit nos egos malades.

Je ne veux pas faire partie de tout ça, dixit le gars qui, à Concarneau en été 1997, a décidé de s’appeler Centredumonde. Il y a que je ressentais le besoin de disposer d’une béquille, en la personne d’un avatar fier et branleur, qui chanterait en souriant ses névroses les plus insignifiantes et les partagerait avec d’autres personnes qui se diraient peut-être : « Hey, je ne suis pas tout seul à me sentir à côté de mes pompes, cool, je vais acheter tous ses disques et aussi les tee-shirts et les mugs et couvrir les murs de ma chambre de posters de Centredumonde et… » MOUAIS. Étrange, ça ne me fait pas du tout rêver, ce genre de délire.

"Il pleut des bleus", c’est quand vous mettez le nez dehors et que la réalité vous couvre de bourre-pifs. Jusqu’à la fin du mixage, je n’étais pas satisfait de la structure et des arrangements. Il y a que pour les refrains, je voulais des circonvolutions vocales à la Liz Frazer (ouais, je suis ambitieux!!!), l’introduction, je visais une ambiance digne d’Interpol (curieux, parce que je n’aime pas ce groupe), et le côté post-rock, je ne sais pas comment c’est venu, mais je crois que tout "Ubac" baigne dans le post-rock, registre que j’adore mais qui me paraît incongru dès lors que l’on écrit des chansons en français. Bref, je ne savais pas où j’allais.

Et donc, dans les dernières heures (il faut bien rendre sa copie un jour, sinon les chansons inachevés vous polluent l’esprit) (je raconte n’importe quoi, des chansons inachevées de Centredumonde, il en existe des milliers) (enfin, elles n’existent pas puisqu’elle sont inachevées) (raaah mais laissez moi tranquille!!!), j’ai raccourci l’introduction, retiré un refrain, collé des arpèges synthétiques et de la batterie sur les couplets pour consolider une structure jusque là bancale, j’ai monté la réverbération, bref, gymnastique et botox, véritable cure de jouvence pour une chanson qui me lassait et que j’estimais tout à fait anecdotique. Bah figurez vous que maintenant je l’aime bien, cette chanson, même si elle claudique (la fin est bordélique et mes chœurs très approximatifs). Pas grave, je lui prêterais ma béquille.

lyrics

Quand il pleut des bleus
Je me réjouis
De n’être pas dehors
Et l’eau roule sur les toits
Miroirs d’un soleil gris
En attente de la nuit

Hors de moi, je n’existe pas
Hors de moi, je n’existe pas

Dors, ma belle,
Ne t’afflige point
C’est un long voyage
Le refus d’un amour
Qui s’enlise dans le tendre
De bas étage

Hors de moi, je n’existe pas
Hors de moi, je n’existe pas

Quand il pleut du beau
Je me réjouis
De n’être pas dehors
Hors-de-moi
Je visite des endroits
Où je n’existe pas

Hors de moi, je n’existe pas
Hors de moi, je n’existe pas

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from Ubac, released January 19, 2024

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Depuis 1997, Centredumonde compose des chansons que personne n'écoute, et il ne s'arrêtera que le jour de sa mort!

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