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Ubac

Je porte "Ubac" en moi depuis le milieu des années 2010, tandis que j’approchais la quarantaine et flippais à l’idée de décliner et de descendre, par la face nord, la (toute petite) montagne que fut mon existence. Presque dix ans plus tard, pauvre d’argent, de rêves, d’avenir, de cheveux et de dents, le corps et le cœur mous, je réalise que j’étais loin du compte. La dégringolade est effrayante, au point de me réveiller la nuit. Je suppose que c’est banal, que ça arrive à tout le monde, de craindre le temps du bilan et mesurer les échecs, on peut toujours s’assommer à coups de mensonges, de faux-fuyants, d’illusions : pas mon style.

Composée dans la cuisine de l’appartement que j’occupais rue de l’Amiral Mouchez, "Ubac" devait être une chanson garage, et ce fut dans ce mood énervé qu’elle fut jouée à Brest, au Vauban, en décembre 2017. Et puis j’ai tergiversé, je me suis dit qu’elle ferait une belle ballade mortuaire qui trouverait sa place sur l’album "Tigre, avec états d’âme", mon Magnum Opus bancal publié fin 2019 sur le label L’Église de la Petite Folie. Sauf qu’à force de reculades, le morceau n’était pas terminé et fut rangé au fond d’un tiroir que, refusant d’abdiquer, j’avais du mal à refermer.

Sébastien et moi avions tant et tant bataillé sur les arrangements, accumulant des dizaines de pistes de guitares, de batterie, de piano, que nous ne savions plus par quel bout prendre un morceau certainement bien trop ambitieux pour mes maigres capacités – n’est pas Tindersticks qui veut, d’autant plus que je n’ai pas l’ombre d’un début de charisme à la Stuart Staples.

Et donc une fois l’album sorti (dans l’indifférence générale, comme il se doit), j’ai plusieurs fois par an tenté de comprendre comment rendre cette longue chanson fonctionnelle, me décidant après moult essais infructueux à en épurer le début, jusqu’au deuxième couplet, et en étirer la fin, ajoutant un dernier refrain et des arrangements orageux, quand bien même paradoxalement "Ubac" n’est jamais aussi touchante que tout simplement jouée au piano : je me promets un jour de sortir un recueil dénudé, piano voix et puis c’est tout, exercice casse gueule lorsque l’on est aussi peu précis que moi, ce qui en fait justement un challenge intéressant. Attitude punk et variété française, l’idée me plaît bien. Car oui, je suis un indécrottable chanteur de variétés, que je le veuille ou non. Les thèmes que j’évoque sont d’une banalité / universalité confondante.

Ceci dit, une fois n’est pas coutume, je suis plutôt satisfait de la version finale de "Ubac" qui, aussi nébuleuse soit-elle, me plaît, malgré un long et lent début monotone, susceptible de rebuter l’auditeur pressé : c’est l’effet recherché. Quand à la sortie du premier refrain, au bout de deux interminables minutes – guitare classique frottée du bout des doigts et chant à l’os – la batterie de Marc et le piano de Frédéric se pointent, c’est comme une récompense. On se dit : ouf, enfin, ça commence, il se passe quelque chose.

Et puis il y a un énorme solo de guitare électrique à la fin : j’adore les putains de solos de guitare et les conclusions boursouflées, c’est ringard mais justement, ma musique est cheap, ancrée dans mes lubies de jeunesse, quand dans ma tête je me rêve chanteur populaire, ça se passe toujours dans un stade, et je peux vous dire que j’adorerais être Freddie Mercury à la place de Freddie Mercury durant son concert au Live Aid de 1985, quand littéralement il a illuminé le monde de son charisme unique.

Parfois, les chansons que j’écris sont trop grandes pour moi.

lyrics

Regarde ma peau, elle est devenue grise
Elle se détache et part en lambeaux
Mon corps autrefois vif se fait le tombeau
D’une vie jamais vécue
Je n’en peux plus des coups de griffes

Les rides sur le front et les cheveux blancs
Mon esprit se fige, je pense lentement
J’ai beau faire semblant, l’amertume est constante
Je me prépare
Sans le vouloir à un automne en pente

J’ai fait des choix
J’ai aimé, j’ai perdu
Quelle joie sauvage
De brûler en riant
Les idoles de passage
Se rendre au néant
Dans un dernier naufrage
Se sentir vivant, se sentir vivant

Le passé pèse une tonne, j’ai bientôt quarante ans
Hier j’étais enfant, je lisais Stevenson
Je rêvais d’écrire un roman d’aventures
Comme Jack London
Mais je me suis collé un million de bitures

J’ai fait des choix
J’ai aimé, j’ai perdu
Quelle joie sauvage
De brûler en riant
Les idoles de passage
Se rendre au néant
Dans un dernier naufrage
Se sentir vivant, se sentir vivant

Se sentir vivant
narguer le mauvais temps

J’ai fait des choix
J’ai aimé, j’ai perdu
Quelle joie sauvage
De brûler en riant
Les idoles de passage
Se rendre au néant
Dans un dernier naufrage
Se sentir vivant, se sentir vivant

credits

from Ubac, released January 19, 2024
"Ubac" figure sur le volume 59 des compilations A Découvrir Absolument.

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