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A ceux qui ont aimé et perdu

from Bye​-​bye les vagues by Centredumonde

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about

La première version de cette chanson date de juin 2001.

A l’époque, je vivais à Brest, entre mon canapé et les bars de la ville, je faisais semblant de chercher du travail, j’avais plein de cheveux et des rêves mous, j’étais mélancolique parce que je savais qu’à la rentrée j’allais m’installer au Guilvinec - dernière étape avant l’enfer - pour occuper un poste de documentaliste au lycée professionnel maritime.

Autant le dire, pas la grosse joie, j’ai passé un an et demi là-bas, il y a de quoi noircir des pages drolatiques, le sud de Pont-L’Abbé, c’était carrément sauvage.

1. Agression au couteau, parce dans un rade je mets la main sur l’épaule d’un type (“T’es qui toi, espèce de gros **?”);
2. Récits amusés de noyades de passagers clandestins philippins (“T’es qui toi, dégage de mon bateau!”);
3. J’ai perdu mon vélo aux abords d’un nightclub crasseux (ouais, je prenais mon vélo pour aller en boîte, quand bien même il y avait 300 mètres de distance), je l’ai retrouvé le lendemain matin, je l’avais consciencieusement mis hors de portée d’un vol potentiel, c’est à dire: dans un arbre, à trois mètres de hauteur (avec l’antivol, hein).

Il me semble que le titre du morceau est tiré d’un texte d’Henry Miller, ce bon vieux Henry, fun quand il était jeune mais, l’âge venant et la position sociale affirmée, pontifiant à souhait.

J’avais mon magnétophone à quatre pistes et j’enregistrais des tonnes de chansons, j’utilisais ma Playstation pour les rythmes et les violons, c’était cheap à souhait, j’adorais, il faut dire que je suis tellement flemmard.

La chanson est sortie de son tiroir un soir de décembre 2001, lors d’un concert à Brest, salle Vauban, où nous avions joué avec mes compadre Marc LG (batterie) et David S. (basse), en première partie du groupe Expérience.

J’avais une guitare de merde et un son pourri mais c’était un bon moment et la beuverie qui s’ensuivit se résume en quelques lignes dans mon journal:
“A ce qu'il paraît, Michel Cloup était bien raide, mais comme moi je l'étais encore plus, je suis resté papoter au comptoir avec un jeune type qui revenait d'Inde, une quelconque mission humanitaire, il m'a payé des verres, moi aussi je suppose, et il m'a donné un numéro de téléphone que j'ai perdu sur le champ… ça m'aurait fait mal au cœur de me réveiller dans un avion en partance vers l'inconnu, transbahuté entre deux sacs de riz, la conviction à plat.”

A ceux qui ont aimé et perdu. Avec du recul, je me rends compte que sur les sujets de l’amour et de la perte, en 2001, j’étais passablement ignorant – j’avais tout à apprendre, et je ne sais toujours rien.

Mais la chanson m’est restée en tête et, en juillet 2018, pendant la création de “Tigre, avec états d’âme”, j’ai enregistré une maquette acoustique, à base de guitares folk, sans trop savoir quoi en faire.

C’est le jeu vidéo Death Stranding, éclairé par les morceaux de Low Roar, qui m’a amené vers un son plus synthétique et minimaliste (en 2020, j’apprends enfin à me servir du MIDI): je voulais retranscrire une lente, longue et patiente remontée de l’obscurité à la lumière; en musique je ne sais pas prendre mon temps pour poser une atmosphère et je le regrette.

Regret parmi tant d’autres regrets: il me faudrait mille vies pour m’accomplir en tant que musicien, il faut dire que jamais je ne me suis perçu ainsi et quand j’étais enfant je m’imaginais plutôt archéologue, écrivain ou rentier: les mains dans la poussière, les mains dans les mots et les mains dans le “pognon de dingue”.

Aujourd’hui, j’ai les mains dans les poches et c’est pas si mal que ça, je trouve.

lyrics

À ceux qui ont aimé et perdu, j’offre mes yeux
Mes yeux bouillis ne parlent pas, entre mes doigts, ils fondent lentement

À ceux qui ont aimé et perdu, j’offre ma bouche
Mes lèvres cisaillées se contractent, entre mes doigts, en d’obscurs ruisseaux

Mes yeux, comme des hameçons malades, s’accrochent
À chaque leurre, à chaque feuille, qui retombe en baillant

Mes lèvres murmurent une histoire, c’est toujours la même
La viande attristée de s’être éprise de l’air

À ceux qui ont aimé et perdu, j’offre mes yeux
À ceux qui ont aimé éperdument, j’offre ma bouche
À ceux qui ont aimé et perdu, j’offre mes yeux
À ceux qui ont aimé éperdument, j’offre ma bouche

credits

from Bye​-​bye les vagues, released April 1, 2021
Texte: Joseph Bertrand

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