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Du vent ou des valises

from No strass no stress by Centredumonde

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« Du vent ou des valises ». Tiré d’un roman de Fernando Vallejo (“La vierge des tueurs”), le titre de cet instrumental, enregistré à Brest en été 1998, fait référence au choix offert à celui qui se voit menacé de mort, s’enfuir ou clamser – du vent ou des valises. La littérature d’Amérique latine est un corps dont les veines charrient un sang impétueux, d’Adolfo Bioy Casares à Paco Ignacio Taibo II, sur lequel veille le bon vieux docteur Borges.

Été 1998, deux mois dans une grotte. J’avais 23 ans, j’étais étudiant fantôme et squattais un appartement en colocation, situé au-dessus du Café de la Plage, place Saint-Martin, passant mes journées à jouer à la Playstation (Résident Evil volets fermés et Final Fantasy VII – impossible de vaincre l’infâme Sephiroth), à suivre le tour de France (Marco Pantani grimpe à toute allure puis meurt quelques années plus tard dans des circonstances étranges), ou à encourager l’équipe de France de football dans sa quête du Graal.

Quant à mes soirées, il s’agissait de picoler des bières et planifier un avenir glorieux, en écoutant, en boucle, les albums de The Make-Up, Jon Spencer Blues Explosion ou Jonathan Fire Eater.

On m’avait prêté un chouette séquenceur dont j’ai oublié le nom (Groovebox?) et je m’amusais à enregistrer des chansons pas très sérieuses, qui parlaient d’enfants dévorés par les monstres sous leurs lits, de bonbons à la merde, de charcutiers jaloux, il faut dire que je n’étais pas spécialement dans un mood mélancolique, même si, à la fin de l’été, à force de glander, j’étais tout blanc et tout maigre.

Je me voyais en pensée traverser la place Saint-Martin et proposer mes compositions aux organisateurs du festival Astropolis, Gildas et Matthieu, qui tenaient boutique rue Bugeaud. Comme j’étais un peu crétin, je pensais qu’il suffisait d’un beat house pour devenir une vedette de la techno, bah non, c’est quand même un peu plus compliqué que ça, j’ai essayé, je suis nul (je suis également nul en rap, mais c’est une autre histoire) (pour l’anecdote, j’ai joué en 2004 au festival Astropolis, c’était juste avant Nouvelle Vague, je crois, et j’ai même dit bonjour à Camille et Mélanie Pain) (une autre fois, j’ai dîné à la même table qu’Élisa Do Brasil et… ouah, quoi!) (ma vie avec les stars!)

En 1998, j’avais certes un doigt de pied dans la modernité mais mon instrument fétiche restait un orgue portable Bontempi (KF 616.10, pour les fétichistes), avec double clavier, boîte à rythmes et effets intégrés, une merveille héritée de ma grand-mère maternelle, que par ailleurs elle ne semble jamais avoir utilisée. Il m’est arrivé d’en jouer en live et je me souviens que les brancheurs de câble et pousseurs de boutons faisaient la grimace, il y avait du souffle, les basses fréquences étaient boueuses et tout le monde posait ses bières et ses clopes dessus: O, temps révolus, quand vous sortiez des salles de concerts les poumons en feu et les fringues sentant à plein nez le clodo endormi!

Et donc, lorsque je me lassais du son de ma propre voix (ce qui m’arrive souvent, le mutisme est mon avenir), j’improvisais de longs instrumentaux décousus, avec pour seule trame une suite d’accords basiques, sur laquelle j’empilais les couches sonores, jusqu'à obtenir une pâte épaisse au goût gris, que je faisais cuire dans mon fidèle quatre pistes analogique.

“Du vent ou des valises”? Impossible de répondre à une telle question, je crois que dans une vie humaine on n’a pas le luxe de choisir, on remplit notre valise de vent et ensuite quelqu’un la jette dans le vent, elle atterrit dans une immense valise, remplie de vent et de petites valises remplies de vent, que quelqu’un jette dans le vent, et elle atterrit dans une valise infinie, remplie de vent immobile et d’immenses valises, remplies de vent et de valises remplies de vent, et ainsi de suite, ad nauseam.

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from No strass no stress, released October 1, 2021

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