about
Qui étais-je en 2003, quand j’ai enregistré « La musique moderne » ? Un jeune type plutôt beau gosse, au chômage, venant de quitter sans fracas son emploi de documentaliste au lycée maritime du Guilvinec, frustré que les mannequins de Paris Match ne lui tombent pas dans les bras et que la musique électronique sonne le glas de la décennie précédente, toutes guitares évacuées, ayant laissé sur le carreau le grunge, la pop et le shoegazing.
Une nuit, tandis que ma gueule de bois m’avait cloué aux toilettes, dont les murs étaient tapissés de couvertures du magazine France Football, j’ai saisi cette impossible glaçant : j’aurais beau faire, jamais Kate Moss ne me désirerait.
Oh mais cette belle rage contre la beauté des filles belles !
Je vois des foules s’exténuer contre le capitalisme mais ne pas remettre en question la primauté de la séduction sur le réel ; un scientifique nobélisé ne sera jamais autant valorisé qu’une femme dont les longues jambes nous feraient cavaler jusqu’en enfer.
J’avais acheté une bibliothèque de samples à la FNAC de la rue Jean Jaurès, qui venait juste d’ouvrir pour offrir une inutile alternative merdique aux habitués des disquaires brestois, la Sonothèque et Dialogues (dont les vendeuses étaient toutes brunes et pâles).
Je ne me lasserai jamais du cynisme de la FNAC : elle participe au massacre des disquaires puis, vingt ans plus tard, se pose en sauveur du vinyle.
Et donc les premiers samples qui me tombent sous la main, je les malaxe et ajoute des guitares et des paroles peu travaillées qui synthétisent cette réflexion que j’ai eue dans les toilettes, ode à la musique moderne sans saveur qui polluait mes pauvres oreilles férues de guitares désaccordées, en scrutant les visages de Robert Pires, Didier Deschamps et ce bon vieux Pavel Nedved, mon joueur préféré de l’époque, qui se verra récompenser quelques mois plus tard de ce fameux ballon d’or de meilleur joueur du monde : j’étais à Prague le soir où il a été récompensé et dans les bars personne n’en avait rien à foutre. Les tchèques préfèrent le hockey sur glace.
lyrics
Dans tes soirées
C’est toujours branché
Les gens s’amusent
Ils sont pas beaux
Tu te trouves belle
Et tu les allumes
Je suis jaloux
Tu danses avec lui
Et pas avec moi
Pourtant j’adore
La musique moderne
La musique moderne
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