about
L’ébauche de cette chanson date des sessions d’enregistrement de l’album « Tigre, avec états d’âme », publié fin 2019 par l’Église de la Petite Folie. Rengaine sur accords simples, sans refrain, évoquant un énième échec sentimental, avec un texte assez casse-gueule, faisant référence à la montée du nazisme dans les années trente : « Avec toi je me sens comme un Juif allemand dans les années trente, je garde espoir, je patiente, refusant de croire que tu veux ma peau ». J’ai longtemps hésité à conserver cette référence à la symbolique plus que chargée mais elle m’apparaissait universelle et malheureusement toujours d’actualité, d’autant plus que chaos historique et chaos personnel me semblent être les deux faces de la même pièce truquée.
Au départ, point de batterie ni de lyrisme. Je prévoyais des arrangements simples, nappes de clavier et basse répétitive mais, une fois encore, je n’ai su réfréner cet appétit que j’ai pour les empilements de couches sonores. Claire – dont les harmonies et les chœurs magnifient une mélodie assez plate, ma voix, bien que doublée, manquant cruellement de relief – a su me faire garder raison, puisque sur certaines versions que je lui ai envoyées le très long final se faisait house bruitiste et fatiguant à souhait. Une fois lancé au galop, l’intention initiale s’éloigne et je complique tout : on dit qu’un psychiatre est son propre patient imbécile, je ne déroge pas à la règle.
Le ciel donne si peu à voir quand on ne sait pas voir, ou quand on ne veut plus voir, ou quand on ne peut plus voir. Dans ma vie, je me suis très peu disputé. Il me paraît difficile de s’embrouiller avec moi (sans compter le fait que je suis un as de la rhétorique), en général j’ai disparu bien avant. Non pas que je craigne les conflits, mais dès lors que la raison déraille et qu’argumenter ne sert à rien, je baisse les bras. L’absence de logique me terrifie – j’accepte bien entendu la mienne, mais chez les autres elle me bouscule, elle me sidère, elle me fascine. Je vois en esprit des pantins désarticulés éructant des lieux communs pour masquer la peur de n’être pas grand-chose. Ah ah, qu’est ce que je suis arrogant !
lyrics
Et le ciel donne si peu à voir
Et le ciel offre si peu à rêver, si peu à aimer;
Il se passe très bien de nos déboires
Quand l'horizon gronde, je m'enterre en toi
Je me perds dans ta ligne de tir
Tu ne vois pas où nous entraîne la logique du pire
J'échange volontiers les mondes à découvrir ou à jeter
Le visage caché entre tes cuisses
J'évite de penser, ça me rend triste
Avec toi je me sens comme un Juif allemand
Dans les années trente, je garde espoir, je patiente
Refusant de croire que tu veux ma peau
Et le ciel donne si peu à voir
et le ciel offre si peu à rêver, si peu à aimer
Et le ciel donne si peu à voir
et le ciel offre si peu à rêver, si peu à aimer
Et le ciel donne si peu à voir
et le ciel offre si peu à rêver, si peu à aimer
Et le ciel donne si peu à voir
et le ciel offre si peu à rêver, si peu à aimer
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