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Un jour de printemps

from No strass no stress by Centredumonde

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about

« Un jour de printemps » est la synthèse occulte d’une merveilleuse chanson de Léonard Cohen (« Famous blue raincoat ») et d’un roman de Roddy Doyle (« The woman who walked into doors »), qu’un après-midi d’été j’avais emporté à la plage du Conquet, tandis que les quatre (!!!) filles que distraitement j’accompagnais en leur lieu de baignade, avaient décidé de m’incommoder en se mettant torses nus, et donc, en souvenirs, nous avons un jeune type, blanc comme un cachet, cerné par une armada de nichons, qui préfère se réfugier dans son livre plutôt que d’admirer le panorama s’offrant à lui, ciel velouté à l’appui.

Avant d’aller plus loin, je tiens à nuancer mon propos : les arrangements des disques de Léonard Cohen furent souvent médiocres (musiciens de studio peu inspirés) et Roddy Doyle est un écrivain de seconde zone porté par le succès de sa trilogie de Barrytown qui, au demeurant, est divertissante à souhait.

Sur le chemin du retour, dans la voiture, je me sens chose : le contraste entre les corps épanouis de mes amies et le récit de cette femme battue niant sa sordide réalité m’avait glacé.

Solide sujet de chanson, qu’il fallait prendre à bras le corps, quitte à mettre de côté certains de mes principes : ne pas commenter l’actualité (les meilleures songs sont intemporelles), ne pas se placer politiquement (les chanteurs étant tous humanistes, philosophes et amis du progrès, facile!), ne pas donner les prénoms de ses ex ni décrire leurs défauts – règle d’or, l’artiste contemporain (militant activiste engagé combatif et conscient : réveillé jusqu’à l’abrutissement) ne se met personne à dos.

En passant, un truc très mystérieux pour moi : le don (ou la malédiction) qu’ont les femmes de s’éprendre de connards finis, c’est comme si leurs radars à mecs était pété.

Les filles, étant moi-même un représentant de ces types grossiers dont vous vous amourachez sans réfléchir (alors que tous les signes que ça va foirer sont sous votre nez), si vous avez besoin d’un décodeur, n’hésitez pas à me solliciter : 3615 GARCONSINCERE – 1 euro la minute, pas cher, je pratique également le vaudou, version bretonne, chouchen et andouillette au programme !

Bon, nous sommes en 2001, je viens d’acquérir une Playstation et, entre deux sessions (Résident Evil, Metal Gear Solid, Final Fantasy 7), je m’amuse sur un séquenceur cheap (le bien nommé Music) que je couple avec mon 4 pistes cassettes : à moi les arrangements ambitieux, les violons à la Lee Hazelwood, les basses funky de George Clinton et les chœurs célestes style Spiritualized !

Nan, c’est super cheap, je vous raconte pas le temps passé devant la télévision à programmer des pistes basiques, note par note, avec une manette de jeu vidéo inconfortable, une véritable horreur, même si à la fin, le truc chouette, c’est qu’on n’a plus qu’à ajouter les guitares acoustiques et le chant.

« Un jour de printemps » n’est musicalement pas un chef d’œuvre mais j’ai la sensation qu’il s’agit d’un de mes morceaux les plus complexes, si l’on se concentre sur le seul fond : la focalisation sur des détails anecdotiques (les pieds nus dans l’herbe – je suis fétichiste des pieds) (et de plein d’autres trucs maniaques) (ce qui fait que j’adore mon job de comptable), la relation malsaine avec les personnages (je désire la femme de mon frère) (référence au « my brother my killer » de « Famous blue raincoat »), la conclusion tragique (elle meurt, je le tue, je finis à l’asile).

Ces dernières années, j’ai pensé mille fois à enregistrer une version améliorée de cette chanson, avec un texte moins bancal et des arrangements mieux écrits, mais il y a la flemme et des tonnes de morceaux qui se pointent dès que, par mégarde, je pose les mains sur un instrument de musique. Donnez-moi un kazoo et je vous poursuis jusque dans vos rêves. Et puis, peut-on améliorer une chanson quand soi-même on ne s’améliore pas ?

Je suppose que cette sensation d’inachevé me poursuivra jusqu’à la fin de ma somptueuse carrière de songwriter : pratiquant un art mineur, je décide de rester très peu exigeant envers moi-même.

lyrics

J’installe une chaise en plastique et un parasol jaune
dans le jardin.
Sur la table, un verre d’eau, je la regarde à travers
un souvenir de printemps.

Sa robe m’aspirait vers l’ombre de ses jambes,
constellées de fleurs écrasées.
Pieds nus dans la pelouse, mariée avec le silence, elle s’est approchée
pour boire dans mon verre

Mes yeux posés sur elle ont frissonné parce qu’au dessus de ses genoux,
jusque la gorge
Les ecchymoses me narguaient, « Je suis encore tombée »,
son corps me disait

Je suis encore tombée, son corps me disait
Je suis encore tombée

Elle n’était pas le genre de fille
qui se cognait dans les portes,
Plutôt le genre de fille qui avait épousé mon meilleur ami.
vous voyez, ce genre-là

J’habitais chez eux en attendant de refaire surface
après mon séjour à l’hôpital,
Mes journées étaient mortes, et moi ko debout d’un coup de poing
que je n’ai pas vu arriver

Alors je me taisais, même quand sa peau devenait folle
à force de ne pas comprendre,
Quand le tremblement de son sang la trahissait, quand la haine que j’éprouvais
pour lui me surprenait.

Je suis encore tombée, son corps me disait
Je suis encore tombée

Ce matin-là, elle est restée dormir, je suis monté la réveiller
et à la couleur de ses lèvres
J’ai su que si ma vie était perdue j’allais l’échanger
contre celle de mon ami…

Mon frère, je te demande pardon au nom des jours
où nous nous sommes éprouvés,
Au nom de ces jours qu’on ne compte plus, comme si nous étions devenus
les pantins d’une mémoire qui sculpte de travers.

Nos chemin se séparent alors qu’on emmène ton corps,
et celui de la femme qui plus jamais ne sera jamais mienne,
Une éternité de solitude m’attend, à contempler les nuages danser sur sa robe
puis s’abattre sur nous
un jour de printemps

Je suis encore tombée, son corps me disait
Je suis encore tombée

credits

from No strass no stress, released October 1, 2021
Texte: Joseph Bertrand

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Depuis 1997, Centredumonde compose des chansons que personne n'écoute, et il ne s'arrêtera que le jour de sa mort!

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